Bonnes pratiques de communication dans un rapport ESG
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Les initiatives ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) doivent faire partie intégrante de la stratégie d’entreprise et ainsi être communiquées à travers un rapport intégré (un rapport intégré combine un rapport annuel et un rapport ESG). Il est primordial de se questionner sur le public cible visé par les rapports de reddition de comptes pour être en mesure de sélectionner les référentiels pertinents pour une entreprise.
Il ne suffit plus pour une entreprise d’octroyer des dons pour démontrer sa responsabilité d’entreprise, mais il faut qu’elle démontre de façon claire comment elle crée de la valeur pour l’ensemble de ses parties prenantes.
Pour comprendre en profondeur les bonnes pratiques d’une reddition de compte ESG, nous vous invitons à lire notre premier article à ce sujet : 6 critères pour reconnaître et concevoir un bon rapport ESG.
Des éléments visuels qui font toute la différence
La communication d’informations extra financières peut souvent être complexe et peu accessible. Intégrer des illustrations ou des visuels dans un rapport permet de vulgariser et de simplifier l’information.
La communication des émissions GES est un bon exemple de sujet complexe qui se détaille en trois scopes à différents moments de la chaîne de valeur de l’entreprise et qui peut sembler difficile à communiquer. Energir et Organic Basics démontrent, de façon imagée et segmentée, les émissions GES reliés à chacune des phases de leur chaîne de valeur. En un coup d’œil, il est possible de comprendre quelle phase de leur chaîne de valeur contribue le plus aux émissions carbone.
Un petit rappel des trois scopes du Greenhouse Gas Protocol :
- Scope 1 : les émissions directes de GES en lien avec les activités de l’entreprise, provenant de sources qu’elle possède ou contrôle. (Ex : le carburant utilisé par une flotte de véhicules corporatifs)
- Scope 2 : les émissions indirectes de GES provenant de la production d’électricité qui est achetée et utilisée par l’entreprise. (Ex : l’électricité fournie par Hydro-Québec)
- Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes de GES répandues à travers la chaîne de valeur de l’entreprise. (Ex : le transport du personnel vers le lieu de travail)
Pour sa part, Pomerleau illustre bien sa chaîne de valeur et son modèle d’affaires de façon simple et claire via sa plateforme de performance ESG Perspective.
Dans le schéma suivant, Chipotle démontre bien les intermédiaires présents dans sa chaîne d’approvisionnement. Encore une fois, une illustration de la sorte permet de faciliter la compréhension d’un processus flou et complexe.
La feuille de route pour atteindre les objectifs d’entreprise
Menzies, une compagnie anglaise de dégivrage d’avions, a dressé une feuille de route de ses activités menant vers la carboneutralité. Ce résumé aurait pu être davantage détaillé, mais, en général, on comprend que l’entreprise saisit les enjeux à adresser et les étapes à mettre en œuvre pour atteindre son objectif. Cette ligne du temps permet de visualiser la marche à suivre vers la réalisation d’actions menant à la carboneutralité.
Bien communiquer l’avancement de chacun des objectifs
L’exemple de Chipotle démontre bien l’avancement des initiatives de l’entreprise tout en étant transparent dans le retard de certaines de ses cibles. Sa section « below target » explique notamment les raisons pour lesquelles ses cibles n’ont pas été atteintes.
L’aperçu des objectifs de Lidl, une chaîne d’épiceries européenne, permet de voir les éléments essentiels de ses engagements soient : les objectifs, les indicateurs, les résultats échelonnés sur la dernière année, le progrès depuis l’année de référence, ainsi que le statut de l’avancement. En un coup d’œil, on peut voir et comprendre où Lidl en est dans l’implantation de ses initiatives.
La transparence : plus importante que l’apparence
Dans son rapport de développement durable, présenté sous forme de page web, Organic Basics fait preuve d’une très grande transparence en dédiant une partie de son « rapport » à ses erreurs et à ses apprentissages tout en les expliquant clairement.
En reconnaissant et en communiquant sur les limites de certaines solutions, l’entreprise démontre sa compréhension des différents enjeux et n’essaie pas de communiquer plus fort que l’impact réel de ses initiatives.
Everlane, une entreprise de vêtements américaine, fait preuve de transparence en détaillant chacun des coûts reliés à la fabrication de ses pièces. Afin d’assurer une bonne traçabilité de ses morceaux, elle affiche les entreprises manufacturières avec lesquelles elle fait affaire. On saisit bien l’exigence de ses critères d’approvisionnement à travers les standards demandés aux fournisseurs. Bien que dans le passé, Everlane ait essuyé les critiques, elle est maintenant la preuve qu’une entreprise peut évoluer, se remettre en question et changer pour le mieux.
Implication des parties prenantes
Une des composantes les plus importantes lorsqu’il est question d’entreprendre une démarche RSE (responsabilité sociale et environnementale des entreprises) est de consulter ses parties prenantes. Par exemple, la certification B Corp atteste que les entreprises répondent aux meilleurs standards sociaux et environnementaux tout en créant de la valeur pour leurs différentes parties prenantes. En effet, le B Lab évalue l’impact qu’a une entreprise sur ses employé.e.s, sur sa communauté, sur l’environnement, sur ses clients tout en évaluant son type de gouvernance.
L’implication des parties prenantes est une pratique transversale à toutes les différentes normes et référentiels de reddition de compte connus (GRI, ISO, SASB, AA1000). Engager ses parties prenantes est un incontournable, mais il est tout aussi important de communiquer sur les retombées positives générées pour les parties prenantes.
Dans son rapport annuel, la BDC, également certifiée B Corp, démontre bien la valeur qu’elle crée pour ses différentes parties prenantes.
Sans être certifiée B Corp, Telus représente bien, dans son rapport ESG, les retombées positives pour ses investisseurs, ses fournisseurs, les membres de son équipe, la collectivité et ses clients.
L’utilisation de cadres et référentiels
Il est très fréquent de voir les icônes des Objectifs de développement durable de l’ONU (ODD) utilisés dans un rapport, mais souvent le lien entre les actions mises en place par l’entreprise et les objectifs de développement durable est très loin. Dans ce cas, on peut parler de SDG washing. Dans ce rapport, Lidl décrit les cibles des ODD auxquelles elle contribue, ce qui démontre que l’entreprise se questionne réellement sur la façon dont ses actions sont liées aux ODD.
Privilégier les rapports intégrés
Danone démontre bien son intégration des critères ESG dans son modèle d’affaires en produisant un seul rapport abordant autant les aspects financiers que les indicateurs de mesure sociaux et environnementaux. Dans cet aperçu des faits saillants de l’entreprise, on remarque tout autant les éléments dit économiques des éléments sociaux ou environnementaux mesurés.
Matrice de matérialité
Plusieurs rapports mettent de l’avant leur matrice de matérialité, ce qui démontre clairement leur considération des parties prenantes dans leur stratégie ESG. Une matrice de matérialité permet de hiérarchiser les enjeux importants autant pour l’entreprise que pour ses parties prenantes. Le rapport de Danone ainsi que celui de Lidl prennent la peine d’intégrer cette matrice à leur rapport. En incluant une matrice de matérialité dans leur rapport, les entreprises démontrent l’implication de leurs parties prenantes dans la prise de décision.
En conclusion, plus les éléments complexes sont illustrés, vulgarisés et représentés de façon digeste, plus la compréhension des enjeux et des messages est accessible à un plus large public. Le design y joue pour beaucoup! En rendant ces rapports attrayants, on incite le public à s’y intéresser et à comprendre l’impact que peuvent avoir les entreprises sur la société et l’environnement.