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Le bluewashing : quand l’ONU rencontre le marketing

Le bluewashing : quand l’ONU rencontre le marketing

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Le 24 octobre marque chaque année la Journée des Nations Unies, qui souligne l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies et donc la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945. Cette organisation mondiale, qui prône la responsabilité sociale, a lancé deux initiatives porteuses : le Pacte mondial des Nations Unies, qui vise à inciter les entreprises à adopter une attitude socialement responsable en 2000, ainsi que les objectifs en développement durable (ODD), qui sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la Terre et faire en sorte que tous et toutes vivent dans la paix et la prospérité d’ici 2030, en 2015. Pourtant, certaines entreprises profitent de ces initiatives pour redorer leur image sans réellement mettre en place les actions nécessaires : on appelle ça le bluewashing. On vous propose aujourd’hui de décortiquer ce phénomène et ses manifestations en suggérant des voies vers une responsabilité sociale plus légitime.

Définir le bluewashing

Le bluewashing fait référence à la pratique de certaines entreprises qui adhèrent au Pacte Mondial des Nations Unies et à ses principes en faveur de la responsabilité sociale et environnementale, mais qui n’effectuent aucun changement réel dans leurs politiques ou pratiques. Le terme, évoquant la couleur du drapeau des Nations Unies, suggère que ces entreprises utilisent leur engagement comme un outil de relations publiques et de communication pour améliorer la perception de leurs valeurs, de leurs programmes sociaux et de leurs pratiques de gouvernance, sans introduire de réformes concrètes. 

 

Le bluewashing en pratique

Afin d’illustrer le concept, prenons l’exemple fictif d’une grande multinationale qui a publiquement adhéré au Pacte Mondial des Nations Unies, promettant d’aligner ses opérations sur les dix principes couvrant les droits de l’homme, le travail, l’environnement et la lutte contre la corruption. Des enquêtes révèlent que l’entreprise continue d’opérer dans des pays où les violations des droits de l’homme sont bien connues, sans prendre de mesures concrètes pour changer ses pratiques ou influencer positivement les conditions locales. Celle-ci utilise son adhésion au Pacte Mondial pour se positionner comme leader en responsabilité sociale, tout en évitant de mettre en œuvre des politiques internes qui reflètent ces valeurs. Elle affiche aussi les 17 ODD sur ses publications sociales, sans nécessairement mettre en place les actions nécessaires pour les réaliser. 

 

Comment intégrer la responsabilité sociale à son entreprise?

Republik est signataire du Pacte mondial des Nations Unies, ce qui nous engage à intégrer les 10 principes du Pacte mondial dans notre stratégie, nos opérations quotidiennes et la culture d’entreprise, mais aussi à publier une communication sur le progrès (COP) annuelle, qui détaille nos efforts et avancées dans l’application de ces principes. On a mis en place quelques trucs pour constamment se remettre en question afin de ne pas faire de bluewashing. Il faut aussi savoir qu’on est toujours très réticent.e.s à utiliser les ODD dans nos communications ou dans nos rapports d’impact, car on comprend que c’est un cadre souvent abusé et mal utilisé. 

 

Réformes des politiques internes : Mettre en place des changements de politiques internes qui reflètent directement les dix principes du Pacte Mondial, en se concentrant sur les droits de l’homme, les normes de travail, la protection de l’environnement et la prévention de la corruption.

 

S’engager à faire des rapports transparents et mesurables : S’engager dans une communication transparente et régulière sur les progrès réalisés dans l’implémentation des principes, y compris les défis, les réussites et les domaines nécessitant des améliorations est essentiel pour fidéliser les talents, les partenaires, la clientèle… bref, toutes les parties prenantes de l’entreprise. De notre côté, Republik est engagée à produire un rapport d’impact aux deux ans afin de faire le suivi de ses objectifs et défis. 

 

S’engager auprès d’autres entités : Collaborer avec les gouvernements, la société civile, les organisations non gouvernementales et les communautés pour renforcer l’impact social et environnemental des actions de l’entreprise peut être très bénéfique dans une démarche de RSE. De notre côté, nous nous sommes engagé.e.s avec des organisations comme la Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM) et la Fondation David Suzuki pour créer des projets collaboratifs, sans qu’elles aient à débourser un sou. Pour nous, il s’agit d’une façon de mettre notre expertise au service d’organismes à but non lucratif (OBNL) dont la mission nous tient à cœur, et ces dernières peuvent bénéficier de campagnes pertinentes et qui les aident à avoir une plus grande portée. Win win win, comme on dit!

 

Être responsable et redevable : Établir des mécanismes de redevabilité pour s’assurer que les engagements pris sont suivis d’actions, incluant des évaluations indépendantes de la conformité aux principes du Pacte Mondial. De notre côté, on complète ce questionnaire, fourni par l’ONU. 

 

Bon exemple de responsabilité sociale d’entreprise

Une entreprise fictive qui se distinguerait par sa réponse authentique au Pacte Mondial des Nations Unies serait un leader mondial dans le secteur des technologies propres. Cette entreprise a non seulement adhéré aux principes du Pacte, mais a également révolutionné ses processus de production pour minimiser son empreinte écologique, a instauré des pratiques de travail équitables et s’est engagée activement dans la lutte contre la corruption en instaurant une culture d’entreprise transparente et responsable. Par ses actions concrètes et son engagement continu, elle démontre comment l’adhésion au Pacte Mondial peut être transformée en une force pour le changement positif.

 

Le bluewashing représente un défi significatif dans le paysage de la RSE, remettant en question la sincérité des engagements en signant le Pacte Mondial des Nations Unies. Pour surmonter ce défi, il est impératif que les entreprises passent de la simple adhésion symbolique à l’adoption de réformes réelles et mesurables. En prenant des mesures concrètes pour aligner leurs pratiques avec les principes du Pacte Mondial, elles peuvent véritablement contribuer à un avenir plus juste et plus durable.

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